Cette semaine, j’ai dû expliquer ce que je fais en tant que photographe. On me demande souvent ce que ma photographie représente. Je suis toujours un peu gêné, car j’ai toujours hésité à répondre de façon claire et tranchée à cette question. Je suis souvent tenté de répondre ce que George Costanza dit quand il a une idée de série dans Seinfeld.
Si je répondais cela, ce serait aussi faux que de penser que Seinfeld est une série sur « rien ». Mais il est vrai que je ne travaille pas en séries aux sujets clairement définis. Au cœur de ce que je fais, on peut probablement parler de journal photographique. Si j’ai régulièrement montré des séries extraites de mes archives sur Internet, lors d’expositions ou dans deux courts livres photo, je n’ai pas encore présenté mon travail dans son ensemble, de manière exhaustive.
Je préfère que les gens déduisent ce dont il s’agit à partir des thèmes et motifs récurrents observés sur le long terme. Qu’est-ce qu’un journal photographique ? Souvent, il montre l’intimité, le passage du temps, la beauté dans l’ordinaire, les rencontres. Il y a des choses qui reviennent dans mes photos : des lieux, des saisons, des ambiances, des personnes, des humeurs. Et des choses qui ne reviennent pas : le moment où la photo a été prise, et certaines personnes.
1. Les choses qui ne bougent pas
Je suis allé à la bibliothèque patrimoniale le dernier jour d’une exposition de deux tapisseries de Tolkien, réalisées par la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson. Elles étaient exposées avec des dessins réalisés par la reine du Danemark pour Le Seigneur des Anneaux. La reine, également artiste, est mariée à un Français et a une résidence près de ma ville natale. Je l’ai croisée plusieurs fois au marché.
À la bibliothèque, j’ai réalisé que j’avais photographié deux bustes que j’avais déjà pris en photo en 2015, en noir et blanc, avec mon Nikon FM2 et une pellicule Ilford HP5+.
2. Les lieux qui restent
Le lendemain, j’ai marché dans le quartier où j’ai grandi, jusqu’à mes 14 ans. Cela peut sembler banal, comme une France ordinaire et ennuyeuse, mais ces photos montrent des endroits qui ne me sont pas indifférents. L’une d’entre elles est la maison où j’ai vécu enfant.
3. Marcher à travers les saisons
J’ai lu Les Notes de chevet de Sei Shōnagon après avoir vu le film du même nom réalisé par Peter Greenaway en 1996. J’ai été frappé par ses listes, en particulier une :
« Les choses qui font battre le cœur plus vite »
Samedi, c’était mon 48ᵉ anniversaire. Nous sommes allés marcher à la campagne et avons emporté un costume de cochon, confectionné par une amie pour ma femme, qui avait besoin de photos d’un enfant le portant pour une résidence d’écriture. Notre fils s’est beaucoup amusé à le porter.
4. Les lieux qu’on quitte
Lundi, j’ai aidé un ami d’enfance à déménager à la campagne. C’est pour cela que ma newsletter a été publiée avec du retard.
5. En conclusion
J’aime Le Livre de l’Oreiller de Sei Shōnagon. Je l’ai en français et en anglais quelque part, mais je n’arrivais pas à le retrouver. J’ai donc commandé une nouvelle copie en anglais.