Hibernaculum est le titre d’un excellent morceau du groupe Earth, que j’ai beaucoup écouté au cours de cet hiver. J’adore le rythme lent et hypnotique de leur musique, que je trouve parfaite pour cette saison.
Hibernaculum, en latin et en anglais, se dit hibernacle en français, et désigne un abri fabriqué par différents animaux pour l’hibernation. Il peut être fabriqué avec des matériaux végétaux ou être un site naturel spécifique choisi pour sa capacité à protéger l’animal du froid hivernal. L’abri se situe entre le froid et l’animal, entre l’hiver et l’être vivant qui ralentit son métabolisme et attend que le soleil règne à nouveau dans le ciel.
Pendant l’hiver, on peut trouver différents animaux dans différents types d’hibernacles, tels que les terriers souterrains pour les lapins, les renards, les blaireaux et les taupes ; les crevasses rocheuses pour les crotales, les lézards et les tamias ; les arbres creux pour les hiboux, les écureuils et les ratons laveurs ; les litières de feuilles pour les tortues, les serpents et les grenouilles ; les cavités des arbres pour les pics, les mésanges et les merles bleus ; les touffes de végétation pour les souris et les campagnols ; les grottes pour les chauves-souris, les ours et les serpents ; les tas de broussailles pour les lapins et certains autres serpents ; les terriers de boue pour les tortues, les grenouilles et les salamandres ; les nichoirs pour les merles bleus, les hiboux et les canards des bois ; et les affleurements rocheux pour les crotales et les lézards.
En hiver, il se passe moins de choses, et les occasions de prendre des photos se raréfient. Moins je vois, plus j’entends et je rêve. La sensibilité aux bruits, aux sons et aux ombres en mouvement augmente. Les animaux perçoivent le monde extérieur à travers des ombres et des sons étouffés, tandis que les humains regardent leurs écrans bleus et leurs miroirs noirs et écoutent de la musique. Il arrive à tous d’entendre les pas des bêtes géantes à l’extérieur.
Les yeux se tournent vers l’intérieur, et c’est un moment d’introspection, de souvenir et d’espoir. J’imagine les enfants écoutant les histoires racontées à la lumière vacillante des lampes à huile dans les grottes, fascinés par les récits de chasse ou d’amour dans l’été à venir, lorsque je lis Le Seigneur des anneaux à mes enfants. Par ma voix, je leur transmets cette belle histoire épique d’espoir, qui prend les paysages et les saisons aussi au sérieux que les personnages qu’elle dépeint, avec une fascination exaltante pour la beauté qui dure toujours. Les images que nous voyons dans les adaptations cinématographiques ne rivaliseront jamais avec la richesse des images invoquées par la voix humaine et les mots dans l’esprit d’un enfant.
L’ère numérique nous a apporté une extension de l’ancien spectacle d’ombres chinoises, qui est si vivante qu’elle peut être détournée pour captiver entièrement notre attention et nous empêcher de faire l’introspection nécessaire. Il peut même être utilisé pour faire oublier au spectateur le monde extérieur, créant une réalité entièrement nouvelle pour ceux qui s’y perdront. Les marionnettistes sont nombreux et pas toujours bien intentionnés.
Dehors, lorsqu’il fait soleil, il est facile d’entrer en contact avec la nature, mais lorsqu’il fait froid et que nous nous blottissons les uns contre les autres dans nos grottes, tout tourne autour des histoires que nous nous racontons. Il y a quelque chose dans le fait de rester en contact avec la nature, et notre vraie nature, qui ne devrait pas être détourné. Les marionnettistes et les conteurs bien intentionnés sont ceux qui nous racontent et nous montrent un monde naturel qui nous donne envie d’en faire partie, et des histoires dont le sens est mystérieusement vrai, en tous temps et en tous lieux.
Les sociétés et les civilisations ont aussi leurs saisons, leurs printemps et leurs hivers. Dans les hivers sociétaux, il y a la nostalgie des jours meilleurs. Tout est un réécriture de choses qui étaient autrefois nouvelles. L’ironie, le pastiche et le sarcasme sont ce qui reste à celui qui ne peut pas facilement faire l’expérience de la vitalité d’un printemps. Les personnes réellement indépendantes sont considérées comme une menace et comme anormales, et le conformisme voilé règne en maître, amincissant les esprits jusqu’à ce que tout soit brisé et que les murs des cavernes se fracassent.
Nous serons d’abord aveuglés par la lumière du soleil, puis, lorsque nos yeux s’adapteront, nous aurons à nouveau un foyer là où nous sommes censés être. Mais d’ici là, nous devrons peut-être jeter des pierres aux bêtes géantes qui rôdent encore à l’extérieur, et qui ne seront peut-être pas aussi grosses et effrayantes à la lumière du jour.